Article paru dans Ouest-France, le 26 septembre 2013
Pierre WADOUX
L'histoire
Pierre Labat, 62 ans, vient de retrouver après 37 ans, un couple d'amis rencontrés en 1974, alors que les navigateurs étaient en fâcheuse posture. Lisant un article paru le 3 février en dernière page d'Ouest-France, Pierre reconnaît sur le cliché Pierrette et Paul Benoidt. Je ne les avais pas vus depuis le coup de main qui a permis de sauver leur bateau.
Pierrette et Paul, aujourd'hui retraités d'Avrillé, en Vendée, ont toujours bougé en mer. Dans les airs aujourd'hui: l'ancien capitaine de corvette de l'armée belge et cette femme au foyer ont décroché leur licence de pilote privé, à l'âge de 66 et 71 ans. Et poursuivent un voyage entamé sur les mers du globe.
Rêves de tour du monde...
Machine arrière. En 1974, Pierre, féru de voile et de bateau, travaille dans une voilerie. Avec des envies de partance plein la tête. En ce mois de septembre, il prend la route de Binic dans les Côtes-d'Armor où il a repéré le voilier de ses rêves. Pas un gros navire. Plutôt un bon vieux bateau de construction anglaise. Un esquif de 7,74m, en bois de pied en cap, avec lequel Pierre veut faire le tour du monde: Le propriétaire m'a fait promettre de faire le tour de la planète avec, je n'avais pas le choix si je voulais l'acquérir, sourit-il, à l'évocation de ce souvenir.
Notre marin du Bono lève l'ancre du port de Vannes, un beau matin, vers 8h. J'avais pas un rond en poche, je vivais sur le bateau. Mais à cette époque on naviguait avec les moyens du bord à l'estime. Au gré des vents, Pierre atteint les côtes africaines. Sans souci ou presque, juste une petite casse du côté des Canaries. Il trouve rapidement du boulot, repeint les voiliers de Français expatriés, à Hann, près de Dakar, au Sénégal.
Sauvé par un cric et une 2CV
Un soir alors qu'il passe la soirée devant un bon verre de bordeaux au yacht-club du coin, Pierre est interpellé par une femme qui pénêtre dans l'établissement, affolée. Elle était dans tous ses états, elle avait l'accent belge. Elle me dit: notre bateau est en train de se détruire ! Effectivement. Le voilier posé sur un chariot fabriqué à base de troncs de gommiers est pris dans le ressac et menace de se renverser.
Avec deux gars, un cric de carrier, une 2CV et un bout j'ai réussi à remettre le bateau dans les rails avant qu'il ne se renverse complêtement, son propriétaire avec. C'est comme ça qu'on est devenus amis. J'ai bourlingué un temps avec eux, ils m'ont appris à naviguer avec un sextant, et puis on s'est perdu de vue, jusqu'à cet article du journal. Je les ai retrouvés comme ça. Ils sont venus me voir à bord de leur petit avion. Ils se sont posés à Quiberon il y a quelques jours. On s'est revus brièvement. Eux aussi ont fait un tour du monde à la voile, il faut que l'on reparle de tout ça...